La compression est l’un des effets les plus importants en mixage audio, mais il n’est malheureusement pas le plus simple à utiliser. Ce guide vous permettra d’en saisir les bases et d’en connaître les principales utilisations afin d’éviter des erreurs liées à ce traitement.
La compression, c’est quoi ?
Définition
Avant même de parler de compression, il est nécessaire de faire un aparté sur la dynamique d’un son. Car c’est sur cette valeur que notre compresseur va influer. La dynamique, c’est la différence de volume entre la partie la plus forte de notre son et sa partie la plus faible.
Maintenant que vous comprenez cette notion, passons au sujet qui nous intéresse.
La compression d’un son va baisser sa dynamique, ce qui implique que les volumes les moins élevés vont être augmentés pour avoir moins de différence avec ceux plus élevés.
Sous cette définition, assez simpliste, il semble que l’utilité de cette technique est négligeable. Mais c’est sans compter les différents paramètres sur lesquels nous pouvons influer pour modifier cet effet. Ce n’est pas l’un des procédés les plus utilisés en production pour rien.
Ses paramètres
Un compresseur possède généralement 6 paramètres. Les 3 principaux, que sont le ratio, le threshold et le gain vont influer sur la dynamique de notre son. Tandis que l’attaque, la release et le knee permettront d’affiner notre réglage. Voyons leur fonction en détail.
Threshold
Il s’agit du seuil à partir duquel la compression sera effective. Petite parenthèse : en MAO, les valeurs sont négatives car on parle de volume relatif. 0dB est donc le volume nominal à ne pas dépasser sous peine de voir la qualité de votre son se détériorer.
Pour la suite de cet article, nous prendrons donc pour exemple un son dont la dynamique va de -30 à 0db. Si notre threshold est fixé à -20dB. Cela signifie que toutes les parties du son où le volume est inférieur à ce son ne seront pas altérées. Quand à la partie modifiée, voyons de quelle manière cela agit.
Ratio
Il s’agit du taux de compression, au plus celui ci est important,au plus le volume sera affecté. Le ratio est compris entre 1 et +∞, l’infini faisant que notre compresseur agit comme un simple limiteur (tout volume supérieur à notre seuil est coupé).
Pour reprendre notre exemple ci dessus, avec un ratio de 2.0:1, la différence entre le volume maximum et le seuil sera divisé par 2. Notre seuil étant fixé à-20dB, les pics de volume à 0dB descendront à -10dB.
Gain
Comme sur de nombreux effets, un gain de volume peut être appliqué. Il s’agit ni plus ni moins que d’une différence entre le volume d’entrée et celui de sortie.
Toujours dans notre exemple précédent, si l’on applique un gain de +10dB en sortie, les volumes maxi qui ont été baissés de -10dB reviendront à 0db, et les volumes les plus faibles autour de -30dB passeront à -20dB (c’est un peu extrême, ne faites pas ça sur votre prod, les voisins risqueraient de vous en vouloir, et vos tympans aussi). Nous avons donc réduit la dynamique de notre son de 10dB.
Attaque
L’attaque indique la durée à laquelle la compression sera totalement effective. Une attaque nulle indique que le compresseur agira à l’instant où le volume du son dépassera le threshold. À contrario, une attaque de 200ms (considérée comme plutôt longue donc) fait que l’action de celui ci se fera progressivement entre 0 et 200ms après le dépassement du seuil. Une attaque moyenne est généralement comprise autour de 20ms.
Release
À l’opposé de l’attaque, la release est le temps de relâchement. C’est à dire le temps nécessaire au compresseur pour cesser d’être actif après que le volume de notre son soit repassé en dessous du seuil de compression.
Une release moyenne, autour de 200ms, arrêtera donc progressivement sa compression entre 0 et 200ms dès lors que le volume sera repassé en dessous du threshold.
Knee
Et voilà enfin le paramètre le moins évident à appréhender de cette notion. Il s’agit de la pente de compression. Celle ci peut être plus ou moins douce (soft knee ou hard knee). La compression sera donc plus ou moins discrète.
Certains compresseurs permettent de régler directement le knee tandis que d’autres permettent simplement de choisir entre quelques réglages. Peu importe votre préférence, l’important reste de savoir que si cette valeur est faible (pente douce donc), la compression va commencer un peu avant le threshold et fera une courbe plutôt qu’un angle net.
Quelle est son utilité ?
Comme indiqué plus haut, la compression est l’une des techniques les plus utiles aux producteurs, mais également dans bien d’autres domaines. Voyons donc certaines de ses utilisations parmi les plus courantes.
En production EDM
Faire ressortir un kick
Ici on applique un compresseur pour réduire la dynamique du kick, avec un peu de gain pour rehausser le volume global du kick. Nos paramètres seront donc :
- Ratio élevé ( environ 8:1)
- Attaque faible (quelques ms)
- Release faible/moyenne (100ms)
- Hard knee
À noter que le threshold et le gain ne sont pas précisés car ils dépendent entièrement de votre kick. Puis on utilisera un compresseur en sidechain sur la basse ( nous verrons plus bas de quoi il s’agit) pour adapter son volume. Pour plus d’informations sur le mixage du kick avec la basse, un article complet est disponible sur le site.
Corriger les différences de volumes d’une voix
Ici, il s’agit de compresser les pics de volume. Nous conseillons donc d’utiliser la compression parallèle. Un article sur le site explique l’utilisation de la compression dans ce cas et les réglages à adopter.
Homogénéiser la track
Le volume d’un break est très souvent extrêmement faible par rapport à celui du drop précédent. C’est compréhensible, la track repasse dans une phase calme. Cependant, le break doit être audible. La coupure ne doit pas être trop nette. On utilise donc plusieurs compresseurs à l’étape du mastering pour atténuer ces différences de volumes.
À noter que l’utilisation d’un compresseur multibandes peut être conseillée à cette étape (nous verrons son utilité un peu plus tard).
Dans d’autres domaines
Éviter le clipping
Ici on reste dans le domaine de la musique mais on s’éloigne un peu de l’électro. Lors de l’enregistrement de batterie par exemple, les volumes sont sur une plage dynamique très importante. Lorsque vous cherchez à augmenter le volume global de celle ci, il est probable que les pics dépassent 0dB. On parle alors de clipping. Et pour éviter cela on utilise… Là encore, un compresseur évidemment. Avec des réglages autour des suivants.
- Ratio 5:1
- Attaque faible (quelques ms)
- Release autour de 300 ms
- Soft knee
Augmentation du volume général
On sort du domaine musical pour entrer dans celui de l’audiovisuel. Les chaînes de télévision et les radios ont pour habitude d’avoir des volumes extrêmement normalisés, proches de 0dB. Ils compressent donc fortement leurs sorties audio afin que la plage dynamique soit la plus faible possible.
Mise en valeur des voix
Toujours dans le domaine audiovisuel, les animateurs de radio font parfois ressortir leur voix par rapport à une musique qui débute ou se termine, afin d’éviter un blanc. Ils utilisent donc une compression sidechain (voir ci dessous) qui leur permet de baisser le volume de la musique en fonction de celui de leur voix.
Le compresseur ci dessus à des valeurs d’attaque et de release volontairement élevées afin de voir leur effet sur le son. Les zones en violet sont celles où le volume est baissé par la compression.
Les compresseurs avancés
La compression multibandes
Il s’agit du mélange entre un compresseur et un équalisation. En résumé, la compression se fait de manière indépendante sur différentes plages de fréquences.
La compression sidechain
Ici la compression est appliquée sur un son différent de son signal d’entrée. Lorsque le signal d’entrée dépasse le threshold, le compresseur est effectif sur un second signal qui verra son volume diminuer de la même manière qu’une compression classique. Ceci est particulièrement utile pour faire ressortir le volume d’une piste par rapport à une autre.
L’expanseur
L’expanseur est un effet un peu particulier parmi ceux cités ici. En effet, sa fonction est celle inverse d’un compresseur, c’est à dire qu’il agrandit la plage dynamique du son. C’est un effet relativement peu utilisé en MAO ou le volume recherché est généralement le plus fort possible.
Maintenant que vous connaissez et comprenez correctement la compression, mettez vous devant votre ordinateur et commencez à utiliser cet effet. Car toutes les connaissances que vous pourrez acquérir ne remplaceront jamais la pratique. En cas de questions ou de précisions à apporter à cet article, la zone commentaires est toujours disponible. Bonne production à tous !
Très instructif. Merci beaucoup!